Friday, October 28, 2005

Le cerveau dans les nouvelles: peu d'information et beaucoup de sensationnalisme.

J'ai récemment lu deux articles, un dans le journal français Le Monde daté du 22 octobre 2005 faisant état d'une exposition interactive sur le cerveau au musée de l'homme à Paris et un autre dans le magazine Time daté du 24 octobre 2005 faisant état des avancées de la Neuroimagerie ou de l'imagerie du cerveau dans divers domaines comprenant la psychiatrie, l'éthique, le marketing et l'économie.

Bien que les deux articles aient des objets et des buts différents, ils ont comme point commun de mal informer. L'article français le fait par manque d'informations et l'article anglais, par sensationnalisme.

Etant une abonnée de longue date et une lectrice assidue du Monde, je n'ai cependant jamais pu apprécier leurs articles scientifiques - tous journalistes confondus - car ils me laissent toujours perplexe ou sur ma faim. A tel point que je me suis souvent demandée s'il n'y a pas une crise du journalisme scientifique en France. Le lecteur sort des articles scientifiques publiés dans Le Monde avec, souvent, une impression de vide sémantique. Sans information et sans messaage cohérent, s'agissant, dans le cas sus-mentionné, d'une exposition sur le cerveau, la lecture de l'article ne donne pas vraiment envie d'aller la voir. Sans effort et sans réflexion, l'article paraît découler d'une lecture rapide du catalogue de l'exposition et avoir omis quelques pages de cette lecture. L'auteur mentionne le crâne de Gall et le cerveau de Leborgne de Paul Broca et effectue un saut historique, conceptuel et méthodologique de 100 années de recherches sur le cerveau pour atterrir dans les neurosciences modernes, l'imagerie cérébrale, la mort neuronale et la plasticité des connexions neuronales - fruit des recherches des 20 dernières années - en nous les présentant sous forme de liste d'épicerie dans le dernier paragraphe.

Quant à l'article de Time, intitulé Getting inside your head, il nous promet monts et merveilles des nouvelles méthodes de visualisation du cerveau et de l'activité cérébrale connues sous le nom de Neuroimagerie. Il nous dit, sans aucune perspective critique, que la Neuroimagerie est en train d'envahir tous les aspects de notre vie, clinique, éthique, économique et commercial et qu'elle sera un outil puissant pour comprendre les motivations humaines. Ces assertions sont ironiques car moins d'une semaine auparavant, le New York Times faisait état des frustrations des psychiatres face aux promesses des techniques de visualisation de l'activité cérébrale dans le traitement des patients en psychiatrie (Can brain scans see depression ? édition du 18 octobre). En effet, l'article de Time désinforme par son sensationnalisme car la réalité actuelle de la Neuroimagerie est toute différente. Cette technique s'est révélée très utile en Neurologie. On ne peut aujourd'hui intervenir chirurgicalement dans le cerveau avec l'objectif d'un minimum de dommages sans avoir recours à la Neuroimagerie. Aussi, cette technique très nouvelle dont le plein potentiel reste encore à explorer est en cours de développement et d'amélioration, il est vrai qu'elle suscite, avec d'autres approches neurobiologiques de la cognition et du comportement, comme l'utilisation grandissante des psychotropes dans des buts non seulement thérapeutiques, des questions éthiques intéressantes qu'on regroupe sous le terme de Neuroéthique.
Comme les promesses de la Neuroimagerie en psychiatrie constituent un vaste sujet, elles feront l'objet d'un prochain commentaire. En attendant, vous pouvez lire mon commentaire au sujet du Neuromarketing sur ce même blog.

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